Manifeste pour un Togo libéré du piège ethniciste

Manifeste pour un Togo libéré du piège ethniciste

5 juillet 2025 0 Par Cité Dogon

Plus jamais au nom de l’ethnie !

I. L’ethnie n’est pas notre ennemi, c’est son instrumentalisation qui détruit

Au Togo, cela fait plus de soixante ans que le pouvoir s’est consolidé sur la base d’un usage stratégique des appartenances régionales et communautaires. Ce qui était jadis une richesse culturelle est devenu un outil de domination, une barrière sociale, un filtre de recrutement, un critère invisible d’ascension ou d’exclusion. On ne naît pas manipulable : on le devient par la trahison des élites.

II. Diviser pour régner : une stratégie connue, toujours pratiquée

Ce piège nous a été tendu depuis l’esclavage et la colonisation. Mais il a été consolidé par des régimes qui, pour se maintenir, ont dressé les régions les unes contre les autres. Quand le peuple exige la justice, on lui parle de “sudistes contre nordistes”, de diaspora ou de terroristes déconnectés. Quand les jeunes réclament un avenir, on leur désigne des “étrangers” ou des “étrangleurs de la République”. On a même parlé à un certain moment de « togolais entièrement à part ». Ce stratagème est ancien, usé, dangereux.

III. Ces pratiques ne nous rendent aucun service: elles nous enfoncent

Vous prétendez protéger une région, une ethnie, un peuple.
Mais que leur offrez-vous vraiment ?
Des routes défoncées, des hôpitaux absents, des écoles abandonnées, des enfants livrés à eux-mêmes, des jeunes sans avenir.
Vous appelez cela protection ? Ce n’est que mépris.

Pendant que vous brandissez la peur de l’autre, c’est la misère que vous distribuez équitablement à tous.
Le Nord souffre. Le Sud souffre. Le Centre souffre. Et vous osez encore diviser pour mieux régner ?

Vous enfermez des journalistes, des opposants, des citoyens simplement lucides. Vous musellez la vérité.
Et dans ce silence que vous imposez, vous instillez encore le poison de l’ethnie, comme si l’appartenance communautaire effaçait la faim, la douleur, le chômage, l’humiliation.

Mais ce mensonge ne passe plus. Le peuple ne vous croit plus.
Même ceux que vous dites “protéger” savent que votre pouvoir ne protège que vous-mêmes.

Ce n’est pas l’ethnie qui est menacée. C’est la vie digne qui disparaît.
Ce ne sont pas vos adversaires qui divisent le pays. C’est votre peur du changement qui alimente la haine.

À ceux qui, dans les zones dites “privilégiées”, se taisent par loyauté ethnique :
Regardez autour de vous. Qui vit bien ? Qui est libre ? Qui est écouté ?
Êtes-vous vraiment protégés ? Ou simplement utilisés ?

Nous n’avons pas plusieurs douleurs selon nos origines. Nous avons une seule souffrance, partagée, prolongée, instrumentalisée. Et c’est cette souffrance-là que nous devons briser ensemble.

Le temps des masques est fini. Plus personne ne mourra en silence pour protéger un mensonge.

IV. La manipulation ethnique ne protège personne : elle prolonge la souffrance

Le Togo ne se développera pas par la peur de l’autre. Le mérite, la justice, l’unité doivent être les seuls fondements de notre vivre-ensemble. Nous ne voulons plus de postes distribués par affinité clanique, de concours truqués par appartenance, de votes dirigés par la géographie. Nous sommes fatigués d’être divisés pour mieux être exploités.

V. Le peuple debout ne se laissera plus entraîner dans l’abîme

Nous ne protégerons plus ceux qui oppressent, simplement parce qu’ils nous ressemblent. Nous ne laisserons plus notre avenir être confisqué par ceux qui brandissent l’ethnie comme bouclier de l’impunité.
Le temps de la docilité manipulée est révolu.
Levons-nous comme un seul homme pour dire Non et Non.
Le changement, c’est maintenant. Trop c’est trop.

VI. Nous voulons un autre Togo

Un Togo où la pluralité est une richesse.
Un Togo où l’État est impartial, où l’armée est nationale, et non patrimoniale.
Un Togo où les décisions ne sont plus prises au nom d’une région ou d’un groupe restreint,
Mais au nom du peuple, du droit, et du bien commun.

VII. Notre engagement : refuser, dénoncer, reconstruire

Nous appelons :

  • À une vigilance citoyenne contre toute résurgence de la logique ethnique,
  • À une pédagogie nationale contre le tribalisme déguisé,
  • À une exposition systématique des discours haineux, masqués derrière des appels au “réalisme politique”,
  • À une reconstruction institutionnelle du Togo sur la base de la justice, du lien civique, et du respect de tous.

VIII. L’heure a sonné

Ce n’est pas la diversité qui est un problème,
c’est l’exploitation cynique qu’en font ceux qui ont peur du changement.
Le Togo n’a pas besoin d’une armature ethnique pour survivre : Il a besoin de vérité, de mémoire partagée, de volonté commune.

Pour une alternative de rupture

Nous, citoyens togolais, ne voulons plus être gouvernés par la peur, ni manipulés au nom de nos origines.
Nous appelons à une politique fondée sur le droit, la vérité et la coappartenance républicaine.

Ce manifeste est un cri. Un refus. Mais surtout, un appel à construire un Togo libéré de ses chaînes invisibles.

 

Kara, le 30 juillet 2025

Corneille Kpatcha S.