Disparition du professeur Roger KEKEH

Disparition du professeur Roger KEKEH

19 avril 2024 0 Par Cité Dogon

La famille Dogon du Togo est en deuil: Le Professeur Roger KEKEH s’est éteint suite à un malaise dans la matinée le 17 avril 2024…

Atakpamé, 19 avr. (ATOP) – M. Roger Kekeh, tête de liste du parti Alliance nationale pour le changement (ANC-Ogou) pour le compte des élections législatives est mort le jeudi 17 avril à Atakpamé en pleine campagne électorale.

Cette mort subite est intervenue au moment où les militants des différentes zones de l’Ogou s’apprêtent à accueillir le président national, Jean Pierre Fabre en provenance du grand Nord pour son meeting.

Hommage à chaud de Noël Honku

Meudon, le 18 avril 2024

Très discret et d’un rôle de conseil sur cette plateforme de discussions avec nous, il s’en est allé….
Je suis dévasté…

La douleur paralyse mon cœur,
Mon esprit est bloqué,
Plus rien ne passe en cet instant.

J’essaie de pouvoir achever ma journée de travail… Pourtant, je n’y arrive pas comme il se devrait. Je souffle à l’oreille d’une collègue, ce qui me rend subitement très triste. Mon émotion se dissimule à peine… Au plus profond de moi, j’implore la Providence. Et oui, notre existence est précaire, nous sommes bien fragiles

Grand Roger,

Pr. Roger Kekeh, tu es parti sans qu’aucune situation actuelle ne nous prépare à ton rapide départ inattendu. Il y a quelques jours, je t’avais appelé pour des échanges politiques. Nous convenions que votre génération et la nôtre, devrions-nous détacher des intérêts trop particuliers et immédiats.

Nous avions déjà eu une vie, des vies dernières nous…

Notre utilité serait que nous fassions tout ce qui pourra permettre au Togo, à l’Afrique et aux générations à venir, de bénéficier des fruits de notre travail, à travers nos renoncements à ce qui maintiendrait le peuple dans la servitude.

Ton implication politique

Au sujet des élections législatives et régionales en cours au Togo, nous avions convenu également que tu discutes avec ton ami Jean Pierre Fabre, président de l’ANC, afin qu’il puisse malgré tout, s’impliquer pour amener ses autres confrères de l’opposition démocratique à adhérer au désistement réciproque afin qu’une liste unique soit maintenue dans toutes les circonscriptions électorales. Ce serait une grande preuve de son élévation. La reconnaissance lui reviendra nécessairement.

La quête de l’unité

Sans être participationniste de mon côté, c’était bien ce que nous nous étions dit ensemble, en respectant le choix fait par ton parti l’ANC. Tu es tête de liste à Atakpame, ma ville natale, sur la ligne de départ de ces élections législatives et régionales.

C’était l’essentiel du contenu de notre échange. Finalement, nos vœux communs passent en ce moment comme ton testament politique que je délivre.

Jean Pierre Fabre, il n’est pas encore trop tard pour agir et aller dans le sens de ce message d’unité, pour la défense de notre Constitution et pour la démocratisation du Togo.

Je disais à Grand Roger d’essayer de t’amener à adhérer à cette ligne politique.
C’était aussi durant cet échange, que je lui disais que chacun a fait des erreurs par la passé. Nous oublions souvent ce qui est fait par chacun et qui constitue également des atouts pour la lutte. Je rappelais les presque 5 années de marche hebdomadaire pour réclamer ta victoire confisquée aux élections présidentielles. C’était un geste de courage à toujours mettre en exergue et qui mérite une grande reconnaissance.

Le gros du travail est encore devant nous.

Déjà les semaines précédentes, Grand Roger, tu avais accepté en lien avec d’autres amis que nous travaillions à rapprocher l’ensemble des forces politiques de l’opposition démocratique.
Il fallait surtout si possible mettre au devant les leaders de la société civile. Tu m’avais fourni des idées et des contacts pour avancer sur ce chemin.

Te voilà reparti en plein milieu de ce travail. Comme disent nos amis musulmans, Dieu a donné, Dieu a repris, Gloire lui soit rendu. J’ajoute malgré tout.

Puisons une nouvelle force de ton retour précipité dans le néant pour avancer.

Nous sommes tous meurtris.

Levons la tête pour prendre des décisions encore plus audacieuses et courageuses pour aller à la victoire.

Vigilance de tous les instants face à nos multiples adversaires. Certains tapis dans l’ombre pour nous faire du mal ou pour compromettre ce que nous engagions pour faire avancer les luttes de libération de nos peuples.

Oui mes yeux s’ouvrent à nouveau après ce grand blues.
Ne nous laissons pas envahir par le désespoir qui survient par moment.
La douleur se transformera en énergie d’action toujours pacifique jusqu’à la victoire finale.
Plus rien ne sera plus comme avant en défaveur des peuples en Afrique…

Mon hommage

Hommage à toi, mon professeur et mon ami, Roger Kekeh.
Tu étais un homme très intègre. Tu avais une aversion pour les compromissions. Toujours prêt à nous tirer vers le haut.

A l’égard des personnes les plus en difficulté, tu ne cessais d’attirer vos attentions pour les accompagner.
Je salue ton humanisme d’un très haut niveau. Toujours prêt à rendre service à autrui, à mobiliser autour des valeurs humaines et sociales…

Ta quête du sens ,du réel, de l’existence, de la revalorisation des traditions africaines, me revient aussi à l’esprit.

Tu étais très effacé ne voulant aucun hommage officiel universitaire…

Même de nous tes talibes, il ne nous avait pas été possible d’en organiser sous une forme très officielle, à l’exception de la surprise de la célébration de tes 70 ans, il y a quelques années. Tu étais très content en me disant, “Noël, cela me suffit”.

Sans reculer sur cette question, Gustav et moi, avions tout de même élaboré d’autres stratégies en attente pour un hommage non officiel.

Tu avais été le chouchou, le modèle des étudiants de notre époque. Presque tout le monde voudrait être comme Roger Kekeh. C’était de loin que je t’admirais, presque pas de place dans ta proximité, tellement tous voulais venir à toi. Pour te faciliter la tâche, j’avais compris qu’il fallait te ménager.

Tes cours de méthodologie dans les sciences sociales étaient marqués par une très grande rigueur.

Ton esprit était très tôt ouvert à la jonction de la recherche sociologique, du terrain au service des institutions et du privé.

Tu étais franc, sincère dans les relations interpersonnelles. Pas de langue de bois.

Tu nous as surpris…

C’est sans arrêt qu’avec quelques amis dans un cercle très réduit, nous partageons avec toi quotidiennement nos émotions, nos idées où la dérision, l’humour étaient le mode de langage pour tout dire. Cet espace ” Que pour rire “, comme son nom l’indique, nous permet un ressourcement collectif afin de pouvoir mieux faire face à la dureté de l’existence sociale, professionnelle, politique… Nos couleurs sont en berne pour toi. Tant ce séisme nous a bouleversés.

Repose en Paix, Grand Roger Rohafodaye Kekeh, mon bien aimé 

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Le petit vieux père Noel 

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